4ème de couverture
«L’enfant mutique qui a tourné le dos à la vie représente un véritable défi pour les équipes de professionnels qui cherchent à le/la ramener dans le monde des relations, de l’apprentissage et du développement sain. Ce livre important prône la mise en place d’une approche multidisciplinaire, reconnaissant l’incapacité d’un professionnel unique à travailler avec ces enfants et leurs familles. Il souligne aussi le besoin de faire preuve d’imagination, et aussi de vitalité et d’espoir, pour aller chercher ces enfants et adolescents qui ont refusé de parler, de s’alimenter, ou de marcher. Les équipes ont besoin de travailler en étroite et sincère collaboration afin de comprendre ces jeunes désespérés, puis d’être utiles auprès d’eux pour les ramener sur le chemin du développement ordinaire.
Ce livre intéressera tout particulièrement les équipes et professionnels travaillant dans les unités pour troubles de l’alimentation et plus généralement les services de santé mentale pour enfants et adolescents. Il est un témoignage émouvant des efforts que font les professionnels qui voient leur l’énergie à travailler ensemble sévèrement mise à mal par ces enfants en retrait total de la vie. Il témoigne aussi des succès obtenus quand les soignants sont attentifs à leurs propres réponses et pulsions émotionnelles, car celles-ci œuvrent tel un guide central pour mieux comprendre états d’esprit et perceptions de ces jeunes patients.»
Trudy Klauber, psychothérapeute d’enfants et d’adolescents
Doyen des études et des formations universitaires à la Tavistock Clinic
«Une nouvelle fois Jeanne Magagna dirige un ouvrage qui sera d’une grande utilité à tous ceux qui prennent en charge les enfants présentant de graves pathologies psychiques – ici les enfants qui ne parlent pas, ne mangent pas, ne bougent pas –, et plus largement à tous ceux qui se soucient de la santé mentale des bébés, enfants et adolescents. Son extraordinaire expérience exprime dans les écrits de ce recueil une inventivité renouvelée et une précision dans les récits des chemins de guérison dont elle nous a déjà montré la fécondité remarquable.»
Professeur Pierre Delion, pédopsychiatre, psychanalyste
Centre Hospitalier Universitaire de Lille
Jeanne Magagna, PhD, a dirigé pendant vingt ans le Service de Psychothérapie à l’Hôpital pour Enfants de Great Ormond Street, après sa formation à la Tavistock Clinic. Elle travaille actuellement au Centre Ellen Mede pour Troubles de l’Alimentation à Londres. Elle est la Vice-Présidente et Coordinatrice associée des Centri di Studi Martha Harris de Florence et de Venise.
Ont collaboré à ce livre: Nancy L. Bakalar, Naomi Ben Simon, Melanie Bladen, Pierre Delion, Sarah Dixon, Alex Dubinsky, Jo Guiney, Bryan Lask, Natalie Le Clézio, La mère de Milo, Tara Pepper Goldsmith, Cynthia Rousso, Ankur Sharma, Michelle Scott, David Wood, et Charlotte Wormald
ISBN 2-912186-41-2 27 €
Sommaire
Auteur et contributeurs
Préface (édition française) Pierre Delion
Introduction de Jeanne Magagna
Ière partie – Introduction
1 – «Le son du silence» Bryan Lask
2 – «Ça fait mal de parler» La mère de Milo
3 – Communiquer sans paroles Jeanne Magagna
IIème partie – Les jeunes enfants
4 – La rêverie des bébés : réflexion, émotion et réintégration du bon objet Alex Dubinsky
5 – Quand la «passerelle est rompue» entre un bébé et ses parents Jeanne Magagna
6 – L’évolution de la contenance parentale d’un enfant qui communique en ne mangeant pas et en ne parlant pas Jeanne Magagna
7 – L’enfant qui n’a pas encore trouvé de mots Jeanne Magagna
IIIème partie – Les enfants plus âgés et les adolescents
8 – Explorations familiales approfondies à l’aide de rêves, de dessins et de jeux lorsque l’enfant qui nous est adressé ne parle pas Jeanne Magagna
9 – Soins en milieu hospitalier d’un enfant qui ne marche pas, ne parle pas, ne s’alimente pas Jo Guiney
10 – Collaborer, contenir, inspirer confiance : kinésithérapie avec une enfant qui ne parle pas, ne marche pas, ne s’alimente pas Jeanne Magagna et Melanie Bladen
11 – L’enfant mutique à l’école : l’instruction d’un enfant qui ne parle pas, ne marche pas, ne s’alimente pas Sarah Dixon
12 – «Contrainte à mourir» : psychothérapie d’une jeune fille qui ne parle pas, ne marche pas, ne s’alimente pas Jeanne Magagna
13 – Contre-transfert dans la psychanalyse d’un adolescent mutique Nancy L. Bakalar
14 – Le cheminement d’un enfant mutique en thérapie familiale Cynthia Rousso
15 – Le silence opaque dans les groupes David Wood
IVème partie – Activités créatives pour les enfants qui ne parlent pas
16 – L’expérience créative du groupe Tara Pepper Goldsmith et Naomi Ben Simon
17 – Vacarme et chahut : comment solliciter les enfants qui ne parlent pas à l’aide d’histoires et de chansons Charlotte Wormald et Nathalie Le Clézio, et la contribution de Ankur Sharma
Glossaire
Bibliographie
Préface à l'édition française par Pierre Delion
Une nouvelle fois Jeanne Magagna dirige un ouvrage qui sera d’une grande utilité à tous ceux qui prennent en charge les enfants présentant de graves pathologies psychiques, – ici les enfants qui ne parlent pas, ne mangent pas, ne bougent pas –, et plus largement à tous ceux qui se soucient de la santé mentale des bébés, enfants et adolescents. Son extraordinaire expérience exprime dans les écrits de ce recueil une inventivité renouvelée et une précision dans les récits des chemins de guérison dont elle nous a déjà montré la fécondité remarquable. De plus, elle a su s’entourer de plusieurs auteurs, Bryan Lask, Alex Dubinsky, la mère de Milo, Jo Guiney, Melanie Bladen, et d’autres, dont les témoignages sont d’une grande authenticité ; certains se sont appuyés sur l’enseignement de Jeanne Magagna, et pour les autres sur une complicité ancienne avec elle.
Cette idée de consacrer un livre à ces enfants qui font silence pour signifier un drame existentiel qui les a traumatisés, quelquefois sans qu’ils le sachent eux-mêmes, ni leurs parents, est très importante, car la trame qui s’articule autour de ce projet montre à l’envi que la tentation actuelle de considérer les enfants uniquement comme des porteurs de symptômes à éradiquer est non seulement un peu courte voire présomptueuse, mais aussi regrettable dans la mesure où les histoires cliniques qui nous sont rapportées viennent corroborer l’intérêt primordial de l’approche psychothérapique pour pouvoir aller jusqu’à la source des choses.
Bien sûr il ne s’agit pas de prôner la cure-type pour tous, dès l’instant où un enfant présente quelque difficulté dans son développement. Par contre, dans les cas graves de souffrance psychopathologique, il est essentiel d’avoir recours à ces approches compréhensives, pour dénouer en suivant les méandres de l’histoire de vie familiale et personnelle de cet enfant, les liens qui l’enserraient jusque-là. Et à chaque fois, on découvre que l’enfant bénéficie non seulement d’une psychothérapie individuelle, voire d’une psychanalyse, mais également d’une approche familiale et institutionnelle, les trois types de relations étant conjugués entre eux dans ce que nous appellerions en France une Psychothérapie Institutionnelle. Déjà les Editions du Hublot nous avaient permis de lire la traduction du très intéressant livre de Jackson et Williams, Impensables Tourmentes, une quête du sens dans la psychose. Dans l’ouvrage dirigé par Jeanne Magagna, il s’agit d’enfants qui ne peuvent plus communiquer avec les mots, et pour lesquels le pari est lancé qu’ils peuvent cependant communiquer avec d’autres outils qu’il faut savoir décrypter : les gestes, l’intonation, le rythme des mouvements et des comportements, le regard, la vigilance... En un mot, les voilà noyés dans une situation existentielle dramatique, contraints de jouer une pièce de théâtre écrite par un auteur inconnu et dans une langue qu’ils ne connaissent pas non plus. Ces enfants sont arrêtés dans leur développement entre les effets du traumatisme et la catatonie, entre la carence affective et l’autisme, entre l’anorexie et la dépression profonde. Leurs signes viennent dire bien des choses de leur vie, mais ils ne sont pas immédiatement lisibles, ni pour eux ni pour leur entourage, et il faut tout l’art et l’expérience des psychothérapeutes pour en percer à jour les secrets et les énigmes, quelquefois plusieurs mois ou années plus tard. Et ce souci pour l’enfant n’est pas porté par un seul thérapeute, car «se focaliser uniquement sur l’enfant porteur de symptômes en proposant orthophonie ou psychothérapie individuelle ne tient pas comptes des questions non-parlées gravées dans les interactions familiales, transgénérationnelles et actuelles.» La stratégie thérapeutique est donc plurielle, prenant le plus grand soin de l’enfant, de ses parents et de l’équipe soignante qui les accompagne.
On aurait pu appeler ce livre Syndrome de Magagna et Lask, en référence à la cohérence de la théorie et des pratiques qui tentent d’en préciser les voies thérapeutiques, mais tout aussi bien Syndrome de Simon and Garfunkel, par une allusion appuyée de Lask au fameux morceau de musique «Sound of silence», qui a bercé notre adolescence, au moins à lui et à moi. D’ailleurs, les adolescents qui dansent le «slow» refont l’expérience de l’ajustement postural et de l’accordage affectif avec un partenaire post-œdipien, et font ainsi l’expérience d’une nouvelle communication sans mots qui augure de leur vie affective et sexuelle à venir, comme ces deux piliers des interactions bébé-parents ont permis l’instauration d’une communication entre eux, faisant suite aux premiers dialogues toniques intra-utérins entre le fœtus et la paroi interne de l’utérus de la future maman (Bullinger). Ce monde interpersonnel du nourrisson (Stern), devenu celui de l’enfant puis de l’adolescent, est la base sur laquelle se construit progressivement un langage corporel pour échanger ses sensations avec son environnement adéquat sans plus (Mac Dougall), dans un bain de paroles (Dolto), et susceptible de permettre ainsi à l’enfant d’intérioriser les éléments d’un langage articulé dans une parole. Comme Freud nous l’a appris, il arrive que dans le développement de l’enfant, certains carrefours soient plus périlleux que d’autres et donnent l’occasion d’une fixation libidinale, puis, plus tard, devant l’irruption de dangers visibles ou invisibles, d’une régression à ce ou ces points de fixation. Dans l’ouvrage de Jeanne Magagna, la régression se fait jusqu’à un point de fixation d’avant la parole, mais jamais – et c’est l’hypothèse forte des auteurs –, avant une possibilité de communication. Il faut tout l’art et la patience de chacun d’entre eux, mais aussi la réunion de leurs arts et de leurs patiences, pour tenir le temps qu’il faudra dans l’acceptation de ce voyage entrepris au rebours du développement, pour en supporter les aléas, avec une «contenance concave de base». Il est bon de rappeler l’importance dans cette philosophie de travail, de la formation à l’observation du bébé selon Esther Bick, qui met précisément l’accent sur ces moments du début de la vie au cours desquels le bébé ne peut communiquer avec ses parents qu’avec les moyens du corps, en deçà du langage parlé, ce qui attire l’attention des personnes en formation sur ce processus d’articulation progrédient entre le corps et la psyché, et sur le formidable instrument récepteur que constitue le contre-transfert de l’observateur pour en percevoir toutes les subtilités. Cette formation permet donc de suivre en profondeur le chemin qui va du corps à la parole dans les interrelations entre bébé et ses parents. On comprend d’autant mieux que «le travail thérapeutique avec un enfant qui ne parle pas aura quelque chance d’aboutir si l’équipe pluridisciplinaire et les parents envisagent le processus comme un voyage au cours duquel il leur sera demandé de s’ouvrir et de trouver les mots pour décrire l’expérience qu’ils sont en train de vivre», de se mettre en quelque sorte dans la position d’observer sans préjugés, laissant venir à soi les éléments d’un langage encore inconnus. Alex Dubinsky, en nous contant son point de vue sur la rêverie des bébés, ne fait que renforcer la pertinence de la méthode d’observation pour mieux rejoindre le bébé qui vit en chacun des enfants malades, mais aussi en chacun de nous.
Et Jeanne Magagna procède, en digne héritière de la grande Esther Bick, par identification empathique à l’enfant et à ses parents. Son propos n’est jamais jugeant ou blessant, cherchant toujours à comprendre comment l’enfant a pu en arriver là, comment ses parents et les enfants qui vivent en eux ont pu en arriver là eux–mêmes, et in fine, comment les thérapeutes engagés dans une relation transférentielle avec la famille, viennent éprouver ce que ni l’enfant ni les parents, l’éprouvant en eux, ne peuvent en réaliser sans intervention de tiers soignants. Car «le manque de contenance du désarroi dans la première enfance peut pousser l’enfant à recourir à la non-pensée et au sensations corporelles pour “se tenir émotionnellement et physiquement”». Il faut juste éviter de tomber dans la fascination pour le silence et continuer à combattre pour la parole : «le silence de l’enfant ne devrait pas réduire au silence la personne auprès de lui», aussi bien le psychothérapeute que l’équipe hospitalière et les parents qui, pour ce faire, se doivent de penser à «des thèmes d’histoires qui puissent transmettre à l’enfant le sentiment qu’il est compris à des moments où il manifeste des états émotionnels, mais ne les parle pas».
Lorsque la mère de Milo raconte l’histoire de son fils dans le chapitre «Ça fait mal de parler», elle insiste d’ailleurs sur cet aspect : «dans l’œil du cyclone de la maladie de Milo, il importait au plus haut degré de ne pas nous laisser aller, de ne pas sombrer dans le désespoir», et «Notre sang-froid avait pour but de rassurer Milo et de lui indiquer que nous faisions tout ce que nous pouvions pour qu’il soit entendu». Elle ajoute : «mais dans ma tête, je me croyais dans le tableau de Munch, Le Cri, au-delà des larmes et tordue de désespoir.» Nous découvrons combien le travail avec les parents est incontournable dans la prise en charge de ces enfants, et l’importance de construire une alliance thérapeutique avec eux, non pas par décret, mais dans le cheminement quotidien des rencontres et des douleurs partagées. «Selon moi, le travail avec les parents devrait accompagner tout travail thérapeutique individuel avec l’enfant. Les parents passent au moins dix-sept heures par jour avec un jeune enfant, et sont donc très bien placés pour contribuer à ce que s’opèrent des transformations profondes à long terme dans la personnalité de ce dernier. Raison pour laquelle il importe qu’on leur prodigue l’aide nécessaire à cet effet.» Et ce partage, «partage est notre maître à tous» disait Pindare, ne peut se faire sans une profonde conviction que l’intersubjectivité est à la base de toute humanité.
Jeanne Magagna parle elle aussi de sa petite enfance aux Etats-Unis, chez sa grand-mère italienne, et des heures passées à l’observer, ouvrant ainsi sur ses propres identifications. Plus loin, Nancy Bakalar évoque sa relation thérapeutique avec Michael, ouvrant ainsi son intimité psychique au lecteur, mais pour mieux nous faire apercevoir le maniement du contre-transfert, ou plutôt, pour rejoindre Salomon Resnik, du double-transfert, indiquant mieux à mon sens, le travail profond des interrelations entre patient et thérapeute. Le mot «contre» a en français une connotation hostile qui ne sied pas à la description des phénomènes transférentiels. Pour aller plus loin dans la compréhension de ces états cliniques problématiques, Jeanne Magagna propose l’exploration de cinq états d’esprit chez l’enfant, qui délimitent cinq formes cliniques et psychopathologiques différentes centrées sur la forme défensive que prend sa symptomatologie : renoncer, ça me fait peur d’être là, ne m’approchez pas !, l’emploi silencieux de l’identification adhésive, le silence empli de haine et de persécution et enfin, la communion aimante et silencieuse entre l’enfant et le thérapeute. Pour chacun d’entre eux, elle rapporte un exemple d’observation du bébé selon la méthode d’Esther Bick, et le met en regard avec une séance de thérapie avec un enfant ou un adolescent. Elle nous fait ainsi parcourir ses expériences d’observatrice et de psychothérapeute (ou celles de ses élèves) de façon concrète, en nous montrant les étapes et la gravité de ces régressions jusqu’à la période de «sidération et lumière» (Freud) de l’amélioration suffisante pour envisager l’arrêt de la psychothérapie. Dans l’emploi silencieux de l’identification adhésive, il est intéressant de remarquer son utilisation en lieu et place d’un holding efficace. Elle précise que «chez de nombreux jeunes qui ne parlent pas, s’agripper à la douleur physique, comme un mal aux oreilles, un mal de tête, un mal de jambe, semble être une protection inconsciente contre la prise de conscience d’angoisses terrifiantes de nature psychotique. S’agripper à la douleur physique peut être une protection contre la perte de la raison.» Je pense à la fécondité de ces réflexions à propos des automutilations des enfants autistes, qui plus que d’autres sont contraints de s’agripper à ces terrifiantes douleurs physiques dévastatrices, plutôt que de se laisser aller aux «agonies primitives» (Winnicott), et à la plus archaïque d’entre elles, «ne pas cesser de tomber».
Mais cet ouvrage ne se contente pas de proposer une pensée cohérente des soins aux enfants du silence, il ouvre sur des pistes d’articulations entre les neurosciences et la psychopathologie. Cette tendance chère aux praticiens de la Tavistock Clinic (Rustin, Rhode) est une nécessité actuelle qui demande encore de nombreuses recherches théoriques et pratiques, mais qui est la seule solution aux conflits si délétères entre les partisans caricaturant chaque approche dans une exclusivité devenue idéologique. Nous avons au contraire à penser une nouvelle épistémologie permettant d’intégrer les découvertes des neurosciences dans celles d’une psychopathologie renouvelée. Ce livre donne par exemple quelques évocations des travaux de Schore, Dosamantes et Hadiks, proposant l’hypothèse de «tentatives spontanées d’adaptation émotionnelle représentant une conversation entre les systèmes limbiques de l’enfant et du thérapeute.» Il ne fait pas de doute à mes yeux que la profondeur des recherches menées depuis tant d’années par Jeanne Magagna au Great Ormond Hospital de Londres, en lien avec les nombreux praticiens amis de la Tavistock Clinic, toutes nationalités confondues, est d’une grande force dans l’avancée des résultats tant attendus par les petits patients que nous tentons de soigner aujourd’hui. Une fois encore, pour ces enfants qui font silence, elle a su nous convaincre de la puissance de son approche. C’est pourquoi je choisis de me taire maintenant pour vous laisser lire en silence cet ouvrage essentiel.