Un Espace pour Survivre est un livre de la nouvelle série d'ouvrages publiés par la Tavistock Clinic, le célèbre centre de consultation, de formation et de recherche londonien. Ces ouvrages, destinés à un large public, couvrent l'ensemble des activités de ses départements, groupes de travail et séminaires de recherche.
Un Espace pour Survivre rappelle les origines de l'observation psychanalytique du nourrisson, puis décrit la manière dont cette méthode a évolué au décours de ses applications diverses.
Ce livre, publié en hommage à Esther Bick à l'occasion du centenaire de sa naissance, reproduit ses quatre écrits novateurs, et propose un certain nombre de textes qui, s'inspirant des intuitions implicites et explicites qu'elle a léguées, cherchent à les approfondir.
Le caractère novateur de ses apports théoriques est illustré dans des chapitres qui se concentrent sur les difficultés à engager une relation avec des nourrissons et des jeunes enfants dont le tout premier développement est si gravement perturbé que leur survie en est incertaine.
D'autres chapitres montrent qu'il est possible d'élaborer et de mieux comprendre l'impact des états émotionnels primitifs dans des cadres de travail autres que le cadre purement clinique et aussi différents que ceux de la justice, de l'intégration sociale et culturelle, de l'organisation institutionnelle, de la recherche.
- "Esther Bick s'est créé un espace pour survivre, malgré les violences dont elle fut témoin au cours des deux guerres mondiales, malgré l'immigration, malgré les persécutions... Peut-être connut-elle elle-même les angoisses primitives qu'elle a su si bien décoder dans les comportements des nourrissons et dans le matériel d'analyse des enfants ou des adultes qu'elle traita.
- Cet espace de vie, elle le partagea avec ses élèves et amis qui ont eu à coeur de témoigner de leur dette envers elle et de la créativité de sa pensée. Il est précieux que le lecteur francophone puisse maintenant disposer de ces témoignages qui prolongent et enrichissent l'oeuvre d'une personnalité d'exception."
Professeur Didier Houzel
Auteurs des articles : Anne Alvarez, Stephen Briggs, Jan Doolery (et la collaboration d'Andrew Briggs), Robert D. Hinshelwood, Judith Jackson, Jeanne Magagna, Eleanor Nowers, Maria Rhode, Michael Rustin, Joan Symington et Biddy Youell
Illustration : Une mère et son enfant, dessin de Meg Harris Williams
Un Espace pour Survivre
Traduction de David Alcorn et de Jeanne et Jacques Pourrinet
316 pages format 16 x 24 cm 26 Euros
ISBN 2-912186-25-0
Préface à l'édition française Didier Houzel
Préface des directeurs de collection (édition anglaise) Nicholas Temple et Margot Waddell
Remerciements
Avant-propos Donald Meltzer
Vie et oeuvre d'Esther Bick
Introduction
I – Les Écrits d'Esther Bick
II – L'Observation du Nourrisson Articles Cliniques et Derniers Développements
Postface
Bibliograpie
Index
La méthode d'observation des nourrissons mise au point par Esther Bick en Grande Bretagne est de mieux en mieux connue en France. À la fin des années 1970, plusieurs psychanalystes français sont allés se former auprès d'Esther Bick elle-même ou de Martha Harris qui lui avait succédé à la Tavistock Clinic. Ils ont rapporté la méthode dans l'hexagone et formé à leur tour des analystes et des psychothérapeutes à l'infant observation.
L'idée toute simple d'Esther Bick, de demander aux futurs psychothérapeutes d'observer d'abord le développement d'un enfant dans sa famille avant d'entreprendre des traitements d'enfants souffrant de troubles psychiques, s'est montrée d'une fécondité extraordinaire. C'est probablement la marque du génie qu'une idée apparemment simple se révèle porteuse de significations profondes et suscite chez ceux qui la mettent en oeuvre une tout nouvelle façon de voir et de concevoir un domaine d'expérience. On écoute autrement les patients après avoir fait une observation de bébé, on devient beaucoup plus attentif au langage du corps, à l'expression des angoisses archaïques, aux risques encourus par le psychisme en train de naître ou de renaître.
Surviving Space, titre anglais de cet ouvrage publié à l'occasion du centième anniversaire de la naissance d'Esther Bick, pourrait se traduire "Survivre à l'espace" tout autant qu'"Un espace pour survivre". La fragilité de l'enfant, qui vient de sortir de la matrice maternelle et qui découvre le vaste monde, a été soulignée de nombreuses fois par Esther Bick : "Il est comme un astronaute projeté dans l'espace sans combinaison spatiale", aimait-elle dire. Le développement psychique paraît, à la lumière des découvertes de l'observation de bébé, tout autant lié au nécessaire tissage de la meilleure combinaison possible pour survivre à l'espace, que dû, comme le postulait Freud, à l'exigence de pouvoir différer la satisfaction pulsionnelle chaque fois que l'objet de satisfaction ne s'offre pas à l'enfant sans délai ni réserve. De toute façon, ces deux problèmes ont en commun la question de la stabilité, ou plutôt de la stabilisation. Le bébé, précipité dans l'espace, est menacé de perdre la confortable stabilité qu'il devait connaître in utero. Il lui faut désormais, non seulement trouver dans le monde extérieur l'objet de sa satisfaction, mais aussi retrouver des bases stables sous peine de vivre des angoisses de chute mortelle, de liquéfaction, d'explosion.
Michael Rustin, dans sa très fine analyse du nouveau modèle épistémologique introduit par l'infant observation, fait référence à la théorie du chaos déterministe, aux propriétés d'auto-organisation des systèmes dynamiques, à la notion de propriété émergente. Ces modèles théoriques n'existaient pas au moment où Esther Bick a mis au point sa méthode. On en trouve quelques amorces chez son contemporain Bion avec les notions de changement et d'angoisse catastrophiques, qui font écho à la théorie des catastrophes du mathématicien René Thom. Bick, comme Bion, aurait probablement adhéré à la révolution scientifique qui s'est manifestée progressivement dans le dernier tiers du 20 ème siècle. Ils en sont les pionniers dans le champ psychanalytique et dans celui du développement psychique. La pensée complexe, dont parle Michael Rustin, nous éloigne d'une causalité linéaire pour nous inviter à explorer des systèmes dans leur globalité sans que l'on puisse y définir une origine, une cause, un déterminisme au sens de la pensée positiviste du 19 ème siècle, mais sans qu'on ait affaire non plus à un monde imprévisible et indéchiffrable.
Toute observation se trouve prise dans une dynamique incluant le sujet qui observe. Le système ainsi constitué tend vers des formes stables qui s'organisent en son sein et ce sont ces formes stables qui structurent le champ d'observation, que l'observateur peut décrire et qui donnent au monde une intelligibilité. Le type de stabilité des formes observées doit être précisé. Le mot "stabilité" nous évoque une fixité spatiale : un objet reste à un endroit fixe ou tend à y revenir tant qu'il ne subit pas l'effet d'une force extérieure suffisante pour le déloger de son emplacement. Une balle de golf au fond d'un trou réalise ce type de stabilité : même si elle est soumise à des forces, par exemple de minimes mouvements sismiques, ces forces ne sont pas suffisantes pour s'opposer à la pesanteur qui la maintient ou qui la fait revenir au point déclive. Ce type de stabilité, dite "simple", est celle que recherche l'enfant autiste, soucieux d'immutabilité, pour qui tout doit rester en l'état, sans mouvement ni transformation. Cette stabilité là est, à l'évidence, à l'opposé d'un processus de développement psychique.
Mais la stabilité peut être d'une toute autre sorte : celle, par exemple, d'une mélodie, qui peut être chantée par une voix d'homme ou une voix de femme, jouée par un instrument à des hauteurs et dans des tons différents et qui, pourtant, reste identifiable comme la même mélodie pourvu que les rapports entre les notes qui la composent restent stables. Tout change substantiellement, et l'analyse physique des notes montrerait que chacune, prise individuellement, est radicalement changée, et pourtant l'ensemble demeure identique, il s'agit toujours de la même mélodie. On a affaire ici à une stabilité "structurelle", stabilité dynamique qui supporte déplacement et transformation pourvu que ceux-ci respectent la structure interne de l'ensemble. C'est cette stabilité qui fait appel aux attracteurs étranges cités par Michael Rustin. C'est elle dont le psychisme humain a besoin pour se développer, c'est elle qui permet à la personnalité de se construire dans un processus d'individuation qui la rend toujours plus indépendante du contexte, c'est-à-dire toujours plus structurellement stable. Nous avons besoin de nous sentir identique à nous-mêmes à travers les âges de notre vie, quel que soit l'entourage dans lequel nous sommes plongés, et dans n'importe quel environnement. Il peut arriver que nous nous sentions brusquement privés de notre identité, par exemple dans une expérience de dépersonnalisation. L'angoisse qui accompagne ce genre d'expérience est là pour nous rappeler que, si la nature a horreur du vide, le psychisme a horreur de l'instabilité.
C'est cette stabilité que nous donne à voir l'observation selon Esther Bick : stabilité structurelle qui se manifeste au sein du système dynamique constitué par l'enfant et son entourage familial, mais aussi par l'observateur. Certains ont cru que l'infant observation prétendait objectiver l'inconscient, le décoder à travers les faits et les gestes du bébé. Il ne s'agit évidemment pas de cela. Il ne s'agit pas de "naturaliser" l'inconscient en le réduisant à des "observables". Il s'agit de créer une situation telle que l'implication de l'observateur dans son champ d'observation lui permette de repérer des formes structurellement stables qui tendent à s'organiser au sein de la dynamique relationnelle instaurée par l'arrivée du bébé dans sa famille, selon l'expression d'Esther Bick.
Vue sous cet angle, la méthode qu'elle a mise au point mérite d'être qualifiée de psychanalytique. La situation analytique est de même nature : elle est ainsi faite qu'elle permet à l'analyste de mettre en place, avec son patient, un système relationnel dynamique au sein duquel des formes structurellement stables pourront s'organiser qui feront l'objet des interprétations de l'analyste. Il y a donc une profonde parenté de méthode entre la démarche de l'observateur et celle du psychanalyste, ce qui a fait introduire cette méthode dans la formation des psychanalystes dans certains instituts de formation, notamment celui de la Société Britannique de Psychanalyse. Toutefois, la similitude entre la psychanalyse et l'observation de bébé s'arrête à une parenté de méthode. L'observation se cantonne au premier temps de la démarche analytique : celui d'une réceptivité psychique empathique et non sélective, réceptivité qui prépare le futur psychanalyste ou le futur psychothérapeute à sa tâche, qui certes comporte d'autres étapes, mais qui doit toujours s'appuyer sur une capacité à recevoir tous les messages, conscients et inconscients, qui lui sont adressés par le patient.
L'extension de cette formation, à l'initiative de Martha Harris dans les années 1970, à d'autres spécialistes que les psychanalystes ou les psychothérapeutes (enseignants, puéricultrices, pédiatres, etc.) a montré le bénéfice que de nombreuses professions pouvaient tirer de cet entraînement à observer, à écouter, à être attentif et à laisser émerger en soi la forme stable, le "fait choisi", pour reprendre l'expression de Bion, qui viendra éclairer une situation complexe.
Les textes réunis dans cet ouvrage convaincront le lecteur de la fécondité de cette méthode. Andrews Briggs, qui en a dirigé la publication, y retrace les aspects essentiels de la vie et de l'oeuvre d'Esther Bick, avant de présenter en détail les contributions de ses élèves. Les articles princeps de Bick sur la psychanalyse des enfants, l'infant observation et la peau psychique, sont offerts au lecteur français dans une traduction revue et corrigée . L'ouvrage se conclue par la réflexion épistémologique serrée de Michael Rustin, dont j'ai déjà parlé, et par une brève postface d'Andrews Briggs. Ainsi constitué l'hommage de ses élèves prolonge et enrichit d'une manière très vivante l'enseignement d'Esther Bick, ce qui est à coup sûr la meilleure façon de témoigner de sa fécondité.
Les comptes-rendus de supervisions d'observations de bébé par Esther Bick, qui sont ici rapportés, montrent à quel point elle était capable de s'identifier au tout petit enfant, de comprendre de manière empathique les éprouvés qui étaient les siens et de leur donner sens. On a l'impression, en lisant ses commentaires, de saisir sur le vif une exceptionnelle capacité de rêverie au sens où Bion l'a définie. Un parallèle s'impose à mon esprit entre les descriptions d'un neurophysiologiste comme Damasio et le processus d'élaboration proposé par Esther Bick. À partir d'un proto-Soi inconscient constitué par la représentation cérébrale des états de l'organisme, une conscience primaire ou conscience-noyau serait liée à l'intégration par le cerveau des variations des états du corps sous l'influence de stimulations intérieures ou extérieures, ce qui créerait un Soi-central une conscience-étendue correspondrait ensuite à l'ordonnancement et à la connexion des différents états de la conscience-noyau en un Soi-autobiographique . Mais comment passe-t-on de la conscience-noyau à la conscience-étendue ? Est-ce par le seul jeu de la mémoire, comme le postule Damasio ? N'est-il pas nécessaire d'inscrire le sujet dans une relation à des tiers qui ont pour tâche de partager avec lui ses éprouvés primaires et, chaque fois que nécessaire, de les transformer de façon à les rendre pensables ? L'approche neuroscientifique doit se doubler alors d'une approche psychanalytique pour rendre compte de la mise en sens, en lien, en histoire, en narrativité de l'expérience afin qu'elle devienne des éléments de la pensée, la matière même du Soi-autobiographique, le sous-bassement de la personnalité. Seule l'exploration de ce qui se passe dans l'hic et nunc d'une relation nous permet d'entrevoir le processus à l'oeuvre, qu'un cerveau isolé de tout partenaire serait incapable de déclencher. Bion a décrit la relation contenant/contenu pour rendre compte de ce processus. Bick nous en donne une illustration clinique avec son article fondamental sur "L'expérience de la peau dans les relations d'objet précoces" (1968). C'est cet article, bref, mais dense, qui a fondé la théorie de la peau ou des enveloppes psychiques, qui sera reprise et développée par la suite par Didier Anzieu.
La thèse de Bick est que les parties de la personnalité n'ont au départ aucune force qui leur permettrait de se lier entre elles. Elle part du même postulat que celui de Bion lorsqu'il définit les éléments bêta comme n'ayant pas la possibilité de se lier entre eux. Notons que l'hypothèse de Lacan lorsqu'il décrit le "stade du miroir" est similaire : une image du corps morcelée qui, pour advenir à une identité de sujet, doit se précipiter dans l'image de soi perçue dans le miroir. Mais, là où Lacan s'engage dans un modèle gestaltiste, les auteurs post-kleiniens proposent un modèle issu de la relation d'objet : ce n'est pas la simple perception d'une Gestalt qui unifie le sujet, c'est la relation à un objet contenant qui remplit pour lui des fonctions psychiques d'unification, de mise en cohérence, de mise en sens, grâce à sa disponibilité, à sa réceptivité et à sa capacité de rêverie. La délimitation de soi s'opère dans cette relation dont le paradoxe est d'être à la fois une relation de dépendance et la source de l'individuation et de la subjectivation.
C'est cette délimitation de soi qu'Esther Bick a appelé "peau psychique". Elle insiste sur l'expérience de la peau en soulignant l'importance dans ce processus du contact intime du bébé avec son personnage maternel, contact physique, mais aussi bien sûr contact psychique. Si l'expérience de la peau sert de matériau à la figurabilité de cette expérience intime, le processus qui l'habite est bien un processus de stabilisation. La "fonction de contenir les parties du Self", dont parle Bick, est dévolue d'abord à l'objet contenant extérieur avant d'être assurée par l'objet contenant intériorisé. Il s'agit d'une fonction de stabilisation et c'est la raison pour laquelle elle nous dit que le contenant optimal est le "mamelon dans la bouche... ". S'il s'agissait d'un acte mécanique, on se serait attendu au contraire : le mamelon contenu dans la bouche. Mais si c'est un processus dynamique dont il s'agit, processus visant à calmer les turbulences dont le bébé est agité, à lui apporter un sentiment de stabilité, à la fois par la convergence vers un même attracteur de l'ensemble de ses sensations et par la régularité des soins de sa mère, alors c'est bien "... le mamelon dans la bouche, accompagné du portage, des paroles et de l'odeur familière de la mère... " qui constitue le meilleur objet contenant. À défaut l'enfant s'agrippera à une stimulation sensorielle ou se fabriquera une seconde peau toujours en quête de stabilité, mais au détriment de sa croissance psychique. Reprenant les distinctions que j'évoquais tout à l'heure, je dirai qu'il recourt à la "stabilité simple" là où la "stabilité structurelle" lui est inaccessible.
Les illustrations du modèle de la peau psychique qui sont données dans plusieurs chapitres de ce livre parlent d'elles-mêmes. L'application du modèle dans le travail thérapeutique est particulièrement éloquent. J'ai été très sensible aussi aux extensions qui en sont proposées et qui ouvrent vers des études sociologiques ou anthropologiques. Tout semble se passer comme si la "peau psychique" individuelle était incluse dans une peau familiale, groupale, sociétale, culturelle, dans des rapports de tangentialité qui s'appliquent d'abord aux relations de l'enfant à ses enveloppes extérieures, familiale, groupale, sociétale, culturelle, avant d'être, si possible, des rapports intériorisés entre différentes strates du Soi. Là encore, la rigidité des enveloppes, leur aspect "seconde peau", perturbe les processus d'intériorisation et maintient l'individu dans une dépendance aliénantes vis à vis du monde qui l'entoure.
Née au tout début du 20 ème siècle, à Przemysl, aux confins de la Pologne et de l'Ukraine, dans ce qui était alors la Galicie, partie extrême orientale de l'empire austro-hongrois, au sein d'une famille modeste de juifs askhénazes, Esther Bick a traversé l'Europe pour terminer sa vie à Londres où elle a pendant 35 ans délivré son enseignement à des élèves venus du monde entier. Elle a survécu à l'espace-temps d'un siècle et d'un continent saturés de destructivité. Elle s'est créé un espace pour survivre, malgré les violences dont elle fut témoin au cours des deux guerres mondiales, malgré l'immigration, malgré les persécutions, malgré l'isolement familial qui était le sien. Peut-être connût-elle elle-même les angoisses primitives qu'elle a su si bien décoder dans les comportements des nourrissons et dans le matériel d'analyse des enfants ou des adultes qu'elle traita. Cet espace de vie, elle le partagea avec ses élèves et amis qui ont eu à coeur de témoigner de leur dette envers elle et de la créativité de sa pensée. Il est précieux que le lecteur francophone puisse maintenant disposer de ces témoignages qui prolongent et enrichissent l'oeuvre d'une personnalité d'exception.