CINQ ANS DANS LE BROUILLARD 1940-1945
Témoignage et réflexions d'époque d'un Français moyen engagé il y a soixante ans au service de l'Etat, promu élève officier par un gouvernement de Front Populaire, midship par un radical, enseigne par Pierre Laval, lieutenant de vaisseau par le résistant Edmond Michelet, capitaine de corvette par le socialiste Guy Mollet et chevalier de la Légion d'Honneur au nom d'un président de la République qui s'appelait René Coty par un président du Conseil qui s'appelait Charles de Gaulle.
Quels qu'aient été ses états d'âme du moment, il a essayé de respecter ses engagements de marin (Honneur, Patrie, Valeur et Discipline) au service de l'Etat, c'est-à-dire au service des politiques fluctuantes et contradictoires de quinze gouvernements successifs avec lesquels il a traversé tant bien que mal la Troisième République, l'Etat Français, le Comité de Libération Nationale, le Gouvernement Provisoire et la Quatrième République.
On verra comment, dans l'exercice de cette mission, il a été engagé contre des bâtiments allemands et italiens, pourchassé par des Anglais et, en un même jour de novembre 1942, embarqué avec un tiers d'équipage sur un sous-marin sans commandant ni instructions, mitraillé à quai par des Waffen SS, bombardé en surface par des Stukas, grenadé en plongée par des Junkers et poursuivi au large de Toulon par douze sous-marins dont huit étaient allemands et quatre britanniques.
L'auteur, Robert Lagane, est né en 1916. Successivement officier de marine, chef d'entreprise, conseiller de la Banque de France, président du mouvement des moyennes entreprises ETHIC, il a publié de nombreux articles et rapports sur la conduite des hommes et des entreprises.
Il dédie ce livre à ses trente petits enfants et à ceux qui voudraient essayer de comprendre ce qui s'est passé à l'époque.
En couverture, l'auteur à bord du sous-marin Iris mouillé en rade d'Agadir (1941)
160 pages format 16 x 24 cm 14,94 euros
ISBN 2-912186-13-7
"Un instant, papa, s'il vous plaît, interrompit Marie-Christine. Vous dites qu'en novembre 1942 mon beau-père, José Monsaingeon, arrivait en Ecosse, prisonnier de guerre des Anglais, avec les survivants de son sous-marin coulé par eux à Madagascar, et que dans la même semaine votre ami, Jean Borotra, arrivait en Allemagne au camp de Schachenhausen, où il était déporté par la Gestapo.
Au même moment, dans la même marine, Michel Vassal était grenadé par des Américains, René Paillard coulé par des Anglais, pendant que le beau-père d'Yves, François Bureau, escortait des convois anglo-américains et que vous étiez poursuivi vous-même en mer par huit sous-marins allemands et quatre anglais.
Pouvez-vous me dire avec qui et contre qui vous vous battiez ?"
Redoutable question. Elle appelle des centaines de réponses qui diffèrent en fonction des dates, des lieux et des personnes interrogées.
C'est pour apporter la mienne à mes petits-enfants que j'ai décidé de rassembler ces notes et réflexions de l'époque, à l'intention de ceux d'entre eux qui voudraient essayer de comprendre et d'apprécier ce que voyait, pensait et faisait alors un tout jeune officier de marine qui allait devenir un jour leur grand-père.
Cinq ans dans le brouillardTémoignage et réflexions d'époque d'un Français moyen engagé il y a soixante ans au service de l'Etat, promu élève officier par un gouvernement de Front Populaire, midship par un radical, enseigne par Pierre Laval, lieutenant de vaisseau par Edmond Michelet ancien chef de la Résistance, capitaine de corvette par un socialiste et chevalier de la Légion d'Honneur au nom d'un président de la République qui s'appelait René Coty par un président du Conseil qui s'appelait Charles de Gaulle.
Et qui, quels qu'aient été ses états d'âme du moment, a essayé de respecter ses engagements de marin (Honneur, Patrie, Valeur et Discipline) au service de l'Etat, c'est-à-dire au service des politiques fluctuantes et contradictoires de quinze gouvernements successifs avec lesquels il a traversé tant bien que mal la Troisième République, l'Etat Français, le Comité de Libération Nationale, le Gouvernement Provisoire et la Quatrième République.
On verra comment, dans l'exercice de cette mission, il s'est trouvé engagé, parfois sans le savoir, souvent sans comprendre, contre des sous-marins, des convois et des corsaires allemands, grenadé par des vedettes italiennes, pourchassé par une escadre anglaise et, en un seul et même jour de novembre 1942, embarqué avec un tiers d'équipage sur un sous-marin sans commandant, sans officiers-mariniers, sans instructions ni lettre de commandement, mitraillé à quai par des Waffen SS, bombardé en surface par des Stukas, grenadé en plongée par des Junkers et poursuivi au large par douze sous-marins dont huit étaient allemands, les U-77, U-81, U-83, U-375, U-561, U-562, U-565, U-617 et quatre britanniques, les Splendid, Sturgeon, Tribune et Unshaken.
Et comment se termina en 1946 son étrange aventure dans la marine sur un sous-marin français dont l'équipage, à l'exception du commandant et du second, était composé d'officiers et de marins de la Kriegsmarine.